MUSIQUE ET ASTRONOMIE DANS DES “LIVRES EN PIERRE” AU XII SIECLE
“Livres en pierre” est une denomination donnée de très longtemps aux portails des églises romanes et gothiques. La doctrine catholique y était très clairement exposée à travers la présentation des scènes bibliques, voilà donc une effective transmission de connaissances théologiques. Mais d’autres savoirs pouvaient etre tout aussi transmis: histoire, astronomie, musique. Parfois , au moyen d’un language codé, on exposait des connaissances secrètes.
Nous avons étudié trois exemples excéllentes: les portails des cathédrales de Chartres, Arles et Saint Jacques de Compostelle, en mettant en évidence une transmission de connaissances de musique et d’astronomie. On voit que les sculpteurs ont représenté avec le plus grand souci les instruments de musique, leur tenue, les détails de fabrication, les decorations et meme les figures des musiciens, des chanteurs, des anges, leur expression, leur attitude. Le nombre, la position des sujets, les endroits occupés dans la composition, les relations entre les personnages, tous ces eléments donnent indications et suggestions au regard des études de théorie musicale conduits à l’époque (1143-1188): numérologie musicale à Chartres, intervalles de l’exachorde à Arles, Musica mundana avec références à la cosmologie platonicienne et à l’astronomie et gamme chromatique à Saint Jacques de Compostelle .
Dans le portail Royal de Chartres plusieurs instruments de musique sont representés. Les deux “Psalterions decacordes” on étés mis bien en evidence, l’un sur les genoux de “la Musique”, l’autre dans la main d’un des veillards de l’Apocalypse, mais pourquoi présentent-ils seulement 9 choeurs ?
Dans l’archivolte de Saint Trophime on voit que les anges sont disposés sur un sorte de pentagramme, la position de leur tetes indiquant les notes musicales, tandis que les chiffres qu’on découvre en analyzant les figures, mises en relation, donnent les fractions correspondantes aux intervalles entre ces notes.
Enfin, dans le portail de Saint Jacques de Compostelle, on voit les 24 veillards de l’Apocalypse qui portent des differents instruments à cordes. Les deux au centre tiennent leur instrument sur les genoux: le premier tourne une manivelle, l’autre actionne des touches. On voit 11 touches dans l’octave, plus le sillet, donc la gamme de l’instrument est certainement chromatique. Mais pourquoi faire un instrument chromatique si l’on n’employait à l’époque que des gammes diatoniques, sourtout dans la musique sacrée? On analyse la structure et les decorations de l’instrument sculpté et on découvre des notions de cosmologie, d’astronomie et de théorie musicale.
Conclusions.
La transmission des savoirs musicales à travers les sculptures des portails des églises était importante, car la Musique (des Sphères), liée à l’Astronomie, était considerée comme un moyen de communication avec Dieu. Quelques détails pouvaient etre compris uniquement par un public savant.
Bibliographie
AAVV, El mensaje simbòlico del imaginario romànico. Aguilar de Campoo, Fundacion santa Maria la Real, 2012
Elena Ferrari Barassi, Testimonianze organologiche nelle fonti teoriche dei secoli X-XIV. Cremona, Fondazione Claudio Monteverdi, 1983
Boethius Severinus Manlius Torquatus, De institutione musice.
Bruce Eastwood, Ordering the Heavens. Brill, 2007
Dieu Lionel, La Musique dans la sculpture romane en France, Centre de Développement en Art et Culture Médiévale, 2006